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Les parallèles se cherchent à l’infini
Les parallèles se cherchent à l’infini
  • Une histoire écrite a quatre mains, des personnages qui ne se connaissent pas mais se frôlent ou se touchent même s’ils ne vivent pas forcément dans les mêmes lieux ou dans le même temps.
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2 décembre 2009

4.

Pendant que chacun maintenant criait sur la plage ou se jetait dans la mer, Tommy indifférent se laissait porter par les courants. Il était bien dans cette obscurité tiède, dans ce monde amniotique et silencieux. L’eau salée avait maintenant emplie ses poumons mais il la respirait sans peine. Il nageait sans but, les poissons passaient indifférents près de lui, le temps coulait sur sa peau en ruisseaux sensibles. Lentement ou peut être très vite, le temps ne voulant plus dire grand-chose, il se sentait devenir différent sans être capable de bien comprendre ce qui se passait en lui.

Tommy basculait dans un univers où il n’aurait pas du être, où nous n’avons normalement pas accès. Il voyait défiler devant ses yeux fermés des souvenirs du futur, ses parents, une maison qu’il ne connaissait pas, d’autres enfants, une école inconnue. Plus tard ou sans transition, qui pourrait dire, des adolescents, ses parents toujours mais différents de ce qu’il les connaissait : sa mère avait quelques cheveux blancs qui éclaircissaient encore sa blondeur , un visage un peu flou comme si quelque peine indicible y avait déposé un film translucide, son père, vouté.

Du mitant des eaux surgit une montagne couverte de neige sur laquelle il skiait, des lieux inconnus et déjà familiers, une fille qu’il embrassait. Il sentait une puissance inconnue remplir son corps d’enfant, le dilater, et des désirs nouveaux et troublants le traversaient comme des éclairs. Son corps lui faisait un peu mal mais pas d’une douleur maladive. C’était des étirements, des torsions, des spasmes, tout bougeait en lui, son souffle liquide se faisait plus profond en même temps.

Ses pensées en se mêlant aux algues prenaient des formes et des couleurs bizarres, il ne savait plus bien si ce qu’il ressentait existait ou était un songe. Une silhouette de femme passait dans les coraux, manière de sirène à la peau laiteuse, ses cheveux longs flottant à la dérive, elle le regardait d’un regard appuyé, plein de sens mais qui le laissait confus, il la regardait disparaitre sans trop comprendre ni qui elle était ni ce qu’il pouvait représenter pour elle, la désirant sans bien comprendre ce sentiment.

Dehors, un bateau tournait en rond, des hommes hochaient la tête en signe d’impuissance, semblant penser que tout était fini et que les recherches étaient vaines. La maid en larmes gisait soutenue par d’autres femmes ; elle attendait terrorisée le retour des parents de Tommy, une heure à peine s’était écoulée depuis qu’elle s’était assoupie, elle aurait voulu être morte, elle était comme folle et les matrones qui prenaient soin d’elle lui parlaient de fatalité, de karma.

Et, dans la confusion qui régnait maintenant sur la plage, personne ne remarqua que sortait de la mer, d’un pas gauche et hésitant, un grand adolescent aux cheveux blonds et frisés qui tombaient sur ses épaules en tresses mouillées. Il regarda autour de lui sans comprendre ces gens agglomérés dans un ensemble confus d’où émanait des cris, Il vit sans trop la reconnaitre la maid qui se dressait à l’arrivée d’un couple qui courrait. Reconnut-il au moins ce couple ? Il parut hésiter un instant mais continua à avancer. Nul ne le remarqua et il ne se sentait lié à personne. Nouveau né de la vague et sans passé, Thomas marchait sur le sable du pas d’un explorateur incertain.

Il traversa ainsi le bord de mer, parvint à la route côtière et s’arrêta ne sachant plus où aller . Des voitures passaient, soulevaient bruyamment de la poussière et s’éloignaient, il ne les regardait pas même. Sans avoir jamais rien vécu de cet environnement, tout lui paraissaient étrangement familier, les choses se mettaient en place par lambeaux, il n’avait pas encore une compréhension globale du monde mais rien de ce qu’il y voyait ne l’étonnait. Il recommença a marcher, suivant la route.

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